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La saison de tennis redémarre comme chaque année par le prestigieux tournoi de Melbourne où comme d'habitude Federer et Nadal se tireront la bourre. Mais ce n'est pas de ça dont il est question ici avec la sortie du premier album du duo Tennis sur le label Fat Possum. Tennis, ce sont un couple sur scène comme à la maison composé d'un homme, Patrick Riley, et d'une femme, Alaina Moore, originaires de Denver et qui viennent de revenir à terre après avoir passé une petite année en bateau (le fameux Cape Dory) à naviguer sur les côtés atlantiques. A l'image de ce voyage conjugual et balnéaire heureux et traversé de baignades parmi les dauphins, Cape Dory emmène la pop sucrée à des mille nautiques de l'hiver et du malaise actuels. Entre Cardigans lo-fi, tBelle and Sebastian en voix de fille et Cinerama (le groupe de David Gedge qu'ils rappellent étrangement), les Tennis nourrissent leurs chansons d'une imagerie marine réjouissante et solaire.

Les titres parlent d'eux-mêmes : "Seafarers", "Biminy Bay", "Long Boat Pass". L'air est chaud, les alizées sont favorables, la mer tendre et baignée de soleil : la voix d'Alaina Moore est splendide, rappelant ces voix de femmes qu'on a cessé d'aimer comme de celle de Dolorès O'Riordan, ex-castafiore des Cranberries. Le son Tennis a un petit supplément d'âme assis sur un clavier aux contours 60s et sur une manière d'emmener les guitares en territoire lo-fi qui donne à l'ensemble une texture indépendante qui lui permet de contourner la guimauve et la variété, comme on tourne un cap. On pense, à les écouter, à Best Coast à tout ce mouvement de revival de bord de mer mais les Tennis sont peut-être les seuls à avoir vraiment pris la mer. "Marathon", leur premier single, évoque une dérive sur l'océan à la nuit tombée. On s'y croirait. La musique de Tennis est à la fois triste et sensuelle. Alena joue à la sirène, à la femme de marin ou à incarner l'océan elle-même, sans jamais se prendre au sérieux. C'est aussi l'une des qualités de ce groupe : ne pas surjouer l'originalité et se lover tendrement dans un genre qu'ils ne cherchent pas à révolutionner. On se demande bien ce qu'ils pourront bien faire après ça, si ce n'est nous agacer mais en attendant on fonce plein cap sur ce Cape Dory. .